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La crise comme révélateur d’une nécessaire évolution des professions libérales

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La crise comme révélateur d’une nécessaire évolution des professions libérales
La crise comme révélateur d’une nécessaire évolution des professions libérales

Lors du congrès de l’UNAPL qui s’est tenu le Vendredi 3 décembre 2021, l’économiste Stéphane Rapelli a présenté les résultats intermédiaires d’une étude commandée par l’IEPL (Institut des Entreprises des Professions Libérales) et l’OMPL (Observatoire des Métiers dans les Professions Libérales) sur les professions libérales faces à la crise sanitaire. 

L’étude repose sur enquête en ligne à laquelle ont répondu près de 2 500 professionnels libéraux (employeurs, salariés et indépendants) et qui sera complétée par des ateliers prospectifs. Les résultats dégagent quelques grandes tendances.

L’illusion du mur de la dette

Grâce au soutien de l’État, on constate un maintien du tissu entrepreneurial et même une croissance des effectifs dans nombre d’entreprises. Le « mur de la dette » prédit ne s’est pas réalisé. La plupart des 670 000 entreprises qui ont contracté un PGE l’ont fait par précaution et si certaines l’ont déjà remboursé, d’autres préfèrent le conserver, l’incertitude sur l’avenir étant encore relativement élevée.

Un cœur de métier en pleine évolution

L’enquête révèle les préoccupations grandissantes des professionnels libéraux quant à l’avenir de leurs métiers : dérèglementation, fusion de branches, ubérisation, etc. Ces modifications entraînent, selon Stéphane Rapelli, un « réel malaise de l’exercice libéral » avec des professionnels qui ne savent pas de quoi l’avenir sera fait. Pour Bénédicte Bury de l’UNAPL IDF, « les jeunes aujourd’hui vont changer 5 ou 6 fois de métier dans leur vie. Nous devons l’intégrer dans nos formations. Il faut être capable d’anticiper ce que sera la profession libérale dans 30 ans ». 
Afin de s’y préparer au mieux, les professionnels devront renforcer leur poids collectif et travailler à une union plus harmonieuse.  

Le numérique et le télétravail restent des sujets non prioritaires

Si la crise a pu être l’occasion pour beaucoup de professionnels d’accélérer leurs investissements en matériel (notamment pour fluidifier le travail en distanciel), ce n’est pas pour autant que l’on assiste à une évolution du modèle de prestations de services. De nombreux professionnels ne peuvent pas effectuer la plupart de leurs tâches à distance et le recours aux plateformes est, pour certains d’entre eux, un pis-aller momentané, sans vocation à perdurer. Stéphane Rapelli souligne avoir ainsi noté la crainte importante chez les professionnels de santé, que ces plateformes finissent par monopoliser l’ensemble des tâches administratives. 
Plébiscitées par les français, ces plateformes, qui reposent beaucoup sur la notation, semblent pourtant appelées à durer et il apparait comme essentiel de proposer un système offrant aux patients/clients une même facilité de service. 

Vers un approfondissement du modèle interprofessionnel

L’étude souligne un changement profond du côté des professionnels de santé. Pour Stéphane Rapelli, « travailler seuls ou isolés ne les intéresse plus. Ils veulent travailler en groupe pour des questions de qualité de vie au travail, pour limiter les risques, les charges, les responsabilités ». Les professionnels se divisent en deux groupes : d’un côté, ceux qui ne conçoivent la profession qu’en étant salariés, de l’autre, ceux qui souhaitent travailler dans un cabinet regroupant plusieurs spécialités pour permettre une continuité du soin. 
D’autres professionnels souhaiteraient pouvoir travailler ensemble, comme les architectes et les géomètres-experts mais ne peuvent pas le faire dans le cadre d’une structure entrepreneuriale.
Il faut pouvoir inventer un modèle innovant : l’UNAPL IDF travaille ainsi sur une maison similaire aux maisons médicales mais qui regrouperait avocats et architectes. 

Un manque de reconnaissance des pouvoirs publics locaux

Selon un sondage mené par l’UNAPL cet été, plus de 90 % des professionnels interrogés estimaient souffrir d’un manque de reconnaissance des pouvoirs publics. Si ce manque est particulièrement criant pour les professionnels de santé, notamment depuis la crise, il touche aussi d’autres secteurs. Pour Stéphane Rapelli, les « professionnels libéraux ne sont jamais consultés au niveau local/départemental sur le tissu entrepreneurial, sur l’aménagement du territoire. Ils sont considérés comme faisant partie du territoire. On leur demande peu donc ils s’investissent peu. » 
Or les professionnels libéraux sont indispensables à la survie du tissu économique local. Le constat a été flagrant pendant la crise, par exemple avec le soutien apporté aux entreprises par leurs experts-comptables. C’est ce constat qui a poussé le président de l’UNAPL, Michel Picon, à insister sur le dialogue avec les élus locaux : « nous jouons un rôle important, nous représentons 11 % de la valeur ajoutée du pays (…) les emplois que nous créons ne sont pas délocalisables (…) nous avons un rôle à jouer dans l’aménagement des espaces de coworking. Nous devons devenir les experts de l’aménagement du territoire. Nous devons parler à nos élus pour leur faire comprendre l’importance des professions des libéraux et les réponses que nous avons pour régler les questions qui se posent ». 

Un travail à poursuivre sur la formation

Face à la montée de la concurrence des plateformes et modèles alternatifs de fourniture de prestations, ainsi que « l’inadéquation entre la formation théorique de base et les besoins » soulignée par Michel Picon, les professionnels libéraux cherchent à faire évoluer leurs compétences. Selon Stéphane Rapelli, le distanciel a vraiment permis d’accélérer l’accès à la formation, notamment en zones rurales. Les instituts de formation ont également réagi rapidement pour adapter leurs programmes. 
L’étude révèle toutefois deux problèmes : le renforcement de l’auto-formation via Internet plébiscitée dans certains secteurs comme l’architecture par manque de temps surtout, et l’incertitude sur les compétences nécessaires pour affronter les évolutions futures. 
L’étude montre qu’il sera nécessaire de continuer à investir massivement sur la formation et sur la communication (CPF, maisons des professions libérales…), tant au niveau individuel qu’au niveau collectif (écriture des référentiels d’activités et de compétences) afin « d’avoir une formation pilotée par les professionnels libéraux, pour les professionnels libéraux et un CPF recentré sur les besoins professionnels » (Michel Picon). 

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