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Financement & financiarisation accrue Quelles solutions pour rester maître de son outil de travail ?

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Financement & financiarisation accrue Quelles solutions pour rester maître de son outil de travail ?
Financement & financiarisation accrue Quelles solutions pour rester maître de son outil de travail ?

Biologistes, radiologues, ophtalmologues... de plus en plus de structures libérales sont détenues par des fonds de pension français ou étrangers. Entre les limites d’un financement classique et les dangers de la financiarisation, quelles solutions pour arriver à conserver son indépendance et préserver l’éthique tout en ayant les moyens de se développer ? OnLib’Infos fait le point avec Loïc Mercier, directeur du Pôle Grands Comptes d’INTERFIMO.

Qu’est-ce qui caractérise le financement « classique » dont a besoin le professionnel libéral ?

Que ce soit pour réaliser sa première installation, en exercice individuel ou en groupe, pouvoir investir, dans son outil professionnel ou dans ses locaux professionnels, le financement est crucial pour le professionnel libéral de santé, tout au long de sa carrière.

Les besoins de financement sont notamment spécifiques pour les professions de santé dont l’exercice nécessite l’accès à un plateau technique de pointe. C’est la raison pour laquelle, il a été observé, dans certaines spécialités, un nécessaire regroupement des professionnels de santé. En s’associant au sein de grandes entreprises libérales, les professionnels libéraux peuvent plus facilement investir et financer l’acquisition de plateaux techniques de pointe ou l’installation de nouveaux EML (Équipements Médicaux Lourds) par exemple. La capacité de ces grandes entreprises libérales à se financer est notamment liée à leur autofinancement et à leur aptitude à faire face aux charges de remboursement de leur endettement bancaire.

À ce stade, il me paraît important de souligner deux points essentiels : le premier est relatif à l’indépendance des médecins, du fait de la nature même de leur activité (médicale). C’est pourquoi le capital des sociétés d’exercice n’est ouvert à des tiers qu’à hauteur de 25 %, c’est-à-dire de manière limitée. Le second, qui a trait au niveau de valorisation des éléments incorporels, est « historiquement » en corrélation avec la rentabilité intrinsèque des structures d’exercice. Ce point est essentiel car il sous-entend que la jeune génération de professionnels va être en mesure de pouvoir intégrer les structures d’exercice sur la base d’une valorisation des parts de société d’exercice « cohérente ».

Comment est-on arrivé à une situation de financiarisation accrue de certaines professions ?

Le schéma est souvent le même... Une situation d’origine correspondant à un marché atomisé, puis une volonté de concentration des autorités de tutelle. L’objectif est, dans le cadre d’une maîtrise des dépenses de santé, de pouvoir répondre aux investissements nécessaires à une bonne qualité des soins. Cette volonté de départ va dans le bon sens, mais a pu être ensuite dépassée par une financiarisation accrue. Par exemple, concernant le fort mouvement de concentration des laboratoires d’analyses médicales dans les années 2010, le mouvement s’est accéléré avec l’entrée de fonds d’investissements au capital de ces structures par le biais d’opérations de LBO (Leverage Buy Out). Le nombre de sociétés d’exercice est ainsi passé de 4 000 en 2008 à 400 aujourd’hui. Ce mouvement a été rendu réalisable par la possibilité de créer des distorsions entre les droits de vote et les droits financiers, les fonds d’investissements appréhendant parfois jusqu’à 99 % des droits financiers alors qu’ils sont minoritaires au capital.

Quels sont les dangers ?

Avec un objectif de rentabilité à court moyen terme, le premier danger de la financiarisation accrue est d’influencer la façon dont les services sont fournis et gérés. Le second est celui d’une valorisation décorrélée de la rentabilité intrinsèque des métiers. Par exemple, dans le cas des laboratoires, la valorisation s’est envolée en passant de 60 % de leur chiffre d’affaires, à 80 % l’année suivante puis 100 % et jusqu’à 300 % du CA récemment... ! Cela constitue une barrière pour les jeunes générations qui ne peuvent plus accéder au capital de sociétés d’exercice.

Quelles sont les alternatives ?

Entre les limites du financement classique et les dangers de la financiarisation accrue, il est nécessaire de proposer des solutions intermédiaires aux professionnels, afin de pouvoir financer leurs besoins corporels et incorporels, tout en leur permettant de rester maîtres de leur outil professionnel. Les experts en financement d’INTERFIMO ont longuement étudié le sujet et proposent aujourd’hui un fonds spécifique pour accompagner les groupes libéraux. Ce fonds ELS (Entreprises Libérales Santé) propose des solutions en fonds propres ou quasi-fonds propres et reste dans l’épure des décrets d’applications des SEL : une ouverture du capital à des tiers à hauteur de 25 % avec une corrélation entre les droits de vote et les droits financiers. Ce fonds se veut être une technique de financement complémentaire, pertinente pour des groupes ayant une géographie du capital équilibrée et surtout une vision à long terme de la maîtrise de leur outil de travail.

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