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Chirurgiens-dentistes : regards croisés entre deux générations

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Chirurgiens-dentistes : regards croisés entre deux générations
Chirurgiens-dentistes : regards croisés entre deux générations

Temps d’installation allongé, difficulté à choisir son mode d'exercice, problème de financement… Les jeunes chirurgiens-dentistes semblent confrontés à des difficultés bien différentes de celles de leurs aînés. Une évolution qui reflète une profonde transformation de la pratique dentaire, et, plus généralement, de l’exercice libéral.

Mais les causes de ces évolutions trouvent des origines très diverses, allant de facteurs purement économiques ou réglementaires à des motifs sociétaux subjectifs et variables selon le projet et la personnalité du jeune praticien.

Pour faire la part des choses et mettre en perspective ces réalités, nous nous intéressons à deux points de vues sur la profession : le premier en la personne du Docteur Prin, chirurgien-dentiste depuis 44 ans et co-fondateur et Directeur Général de Créfident, et le second en la personne du Docteur Jabin, chirurgien-dentiste depuis 5 ans et associé au sein d’un cabinet à Gargenville (Yvelines).

Entrée dans la vie professionnelle : une première installation toujours plus tardive

Que ce soit il y a 40 ans ou aujourd’hui, la question de l’entrée dans la vie professionnelle pour un jeune chirurgien-dentiste reste une source d’appréhension et d'inquiétude. « Après 6 ans d’étude, vous n’avez malgré tout aucune notion de comptabilité, de finance, de comment monter son business plan ou comment monter un dossier de financement professionnel », précise le Docteur Jabin. « Ce n’est qu’en rentrant dans la vie active que vous comprenez l’ampleur de ce qui vous sera demandé, et vos lacunes pour y répondre. » Un constat partagé par son aîné, qui considère que « les jeunes diplômés ne sont pas préparés à cet événement qu’est l’entrée dans le monde professionnel ».

Si cette appréhension a toujours existé, l'environnement a, quant à lui, profondément évolué. « Il y a 40 ans, il suffisait de 4 vis, d’une plaque de praticien au coin de la rue et c’était parti. L’objectif était vraiment de s’installer le plus rapidement possible. Et, malgré le service militaire, la durée moyenne entre la sortie de la faculté et la première installation était d’environ deux ans », affirme le Docteur Prin. Aujourd’hui, ce temps moyen oscille entre 6 et 7 ans : une augmentation non négligeable, qui trouve sa source dans l’évolution de l’exercice libéral en général.

Une analyse comparative de l’âge moyen à l’immatriculation entre différentes professions libérales démontre que les chirurgiens-dentistes font partie des professionnels libéraux les plus précoces à s’installer. Alors que la moyenne s’établit autour de 35 ans, toutes professions confondues, et peut monter jusqu’à 39 ans pour les médecins généralistes par exemple, les chirurgiens-dentistes s’installent eux, en moyenne, entre 28 et 29 ans.

Un écart significatif qui reflète bien l’attachement et les possibilités de ces professionnels à s’installer rapidement ou, tout du moins, à s’installer plus rapidement que leurs homologues libéraux, comme les avocats (30 ans), les vétérinaires (31 ans), les pharmaciens (36 ans), ou encore les experts-comptables (37 ans).

Évolution des modes d’exercice : la peur de l’exercice solitaire

Il existe plusieurs facteurs « objectifs » expliquant cet allongement de la période avant la première installation, notamment la complexification des réglementations ou la difficulté accrue de trouver la bonne localisation.

Mais selon nos deux interlocuteurs, la raison est plus à chercher du côté sociétal, avec un rapport très différent à l’exercice libéral entre les deux générations. « Je trouve qu’il y a une peur de s’installer aujourd’hui », explique le Docteur Prin. « Les critères ont évolué et les besoins de “protection” et de « confort » se sont accrus, ce qui se traduit par une très nette augmentation du salariat - marginal à mon époque - et encore plus de l’association. Être seul fait peur ».

Un constat qui se reflète parfaitement dans le parcours de son jeune confrère, d’abord salarié avant sa thèse, puis collaborateur en centre, avant de devenir associé-gérant d’un centre mutualiste. Il nuance cependant l’analyse de son aîné, expliquant que ce n’est plus « une évidence d’aller s’installer à terme dans son propre cabinet. Si à 35 ans certains ne se sont pas installés, ce n’est pas forcément du retard mais juste qu’ils n’en ont pas envie. Il existe aujourd’hui beaucoup plus de choix de carrière qu’il y a 40 ans, que ce soit dans le choix de la structure ou de la localisation, ce qui peut expliquer que les nouveaux entrants prennent aussi davantage leur temps pour structurer leur choix ».

Si les modes d’exercices varient effectivement, l’exercice libéral reste malgré tout ultra majoritaire parmi les 41 000 chirurgiens-dentistes, avec une part de près de 92 %, selon les données des CDF.

L’accès au financement : une offre et un accompagnement diversifiés

La question du financement reste elle aussi centrale dans les réflexions et appréhensions des jeunes praticiens. Mais force est de constater que les possibilités de financement n’ont jamais été aussi variées et accessibles qu’aujourd’hui. « C’est assez paradoxal, d’un côté les temps d'installation s’allongent, mais de l’autre, les conditions de financement pour la première installation n’ont jamais été aussi facilitées. Dans les années 1980, les taux étaient bien plus élevés et la diversité des financements bien plus restreinte. Aujourd’hui, vous pouvez trouver des dispositifs de financement répondant à toutes les problématiques de l’installation et à des taux préférentiels très attractifs », affirme le Docteur Prin.

« Au-delà de l’offre de crédit, c’est vraiment la qualité de l’accompagnement qui a été déterminante pour moi et mon associé », précise le Docteur Jabin. « Comme je le disais, le nombre de facteurs à prendre en compte pour monter son dossier est plus important qu'auparavant : vous devez faire attention à tout l’environnement concurrentiel, définir votre business plan en fonction, s’assurer que votre choix de structure/mode d’exercice soit le bon, etc. Nous avons eu la chance d’avoir le bon interlocuteur pour traduire toutes ses composantes au sein d’un projet viable et cela a été fondamental pour toute la suite de notre carrière ».

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