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Professions libérales : enjeux et impacts de la démarche RSE - 2e épisode

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Professions libérales : enjeux et impacts de la démarche RSE - 2e épisode
Professions libérales : enjeux et impacts de la démarche RSE - 2e épisode

RSE : quels défis pour quel impact sur l’entreprise et l’exercice du métier ?

Dans un premier épisode paru dans le numéro d’Onlib’Infos du mois de novembre (retrouvez le 1er épisode ici) nous avons vu en quoi la responsabilité sociétale et environnementale (RSE) était aujourd’hui un facteur de différenciation et de compétitivité. Est-elle également un vecteur de durabilité de l'entreprise ? Comment arriver à créer de la valeur partagée par toutes les parties prenantes ?

Suite et fin de l’interview de Bénédicte Bury, avocate au Barreau de Paris et présidente de l’UNAPL Ile-de-France.

Comment la construction d’une démarche RSE peut-elle impacter la valorisation de l’entreprise concernée ?

Ainsi que le relève le rapport d’information du Sénat du 27 octobre 2022, « la RSE est la matrice de la transformation profonde de l'entreprise. Au-delà de la compliance, qui s'assure du respect formel des normes, c'est un vecteur de durabilité de l'entreprise, qui garantit sa résilience. La fourniture d'une information financière et extra-financière qui indique comment l'entreprise conjugue performance économique et performance sociale, sociétale et écologique, conditionne désormais son accès au financement. » L’incidence de la RSE « incarnation micro économique du développement durable », aura une incidence également sur la valorisation des entreprises libérales, notamment de leur capital immatériel au cœur de la création de valeur de l’entreprise par la prise en compte de la qualité de la gestion des talents, les liens et synergies entre gestion des compétences et innovation, gestion des connaissances et savoir-faire.

Reste à convaincre l’environnement de l’entreprise de la réalité de la démarche. Il convient ainsi de disposer de moyens de preuve de ce qui est entrepris et d’en mesurer les effets, comme la manière dont l’entreprise en tient compte pour progresser.

C’est ainsi que certaines entreprises vont faire le choix d’une labellisation, comme le label engagé RSE de l’Afnor ou des labellisations sectorielles, par exemple, Lucie R&S, responsabilité & santé dans le secteur de la santé à domicile et le secteur médico-social engagé. Certaines pharmacies ont fait le choix de la labellisation, Cosmebio, Natru, Cosmeco…. Il existe également des certifications, comme BCorp, UN Global Compact, Happy to work, destinées, comme les labels, à suivre l’intégration des engagements dans le fonctionnement de l’entreprise.

Quels sont les nouveaux défis auxquels sont confrontés les professionnels libéraux dans leur mission de conseil ?

Nous l’avons vu dans notre premier épisode, la RSE est une stratégie de création de valeur partagée avec son écosystème. Pour Fabrice Bonnifet, Président du C3D (Collège des directeurs de développement durable) « le défi, pour les entrepreneurs, est de créer de la valeur partagée pour les clients, les actionnaires, les collaborateurs, la société civile, au travers de business model générant des externalités positives (améliorer la qualité de vie et la santé des personnes, réduire les inégalités, régénérer les écosystèmes…). L’entreprise contributive a l’ambition de transformer chacun de ses impacts sociaux et environnementaux pour qu’ils soient net positifs. » Il ne s’agit donc plus seulement de la réduction des impacts négatifs mais de la création d’impacts positifs. Ainsi, une entreprise libérale détermine une stratégie de développement pour s’assurer en dialogue avec les parties prenantes, clients, collaborateurs, etc., de la pertinence de ses orientations en termes d’impact.

Qu’est-ce que cela implique en pratique ?

Prenons l’exemple des architectes : leur engagement peut se traduire à travers la qualité de la gouvernance et de la vie au travail, dans leurs interventions sur le choix de projets à impacts, d’une charte « chantier propre », un management éthique et participatif avec les parties intéressées à la construction, par exemple les BHEP, bâtiments hybrides à économie positive (Bouygues invente le Bâtiment Hybride à Économie Positive, laref.org). Ils sont en mesure d’agir très concrètement en favorisant la création des bâtiments à faible consommation d’énergie ou la rénovation thermique des bâtiments existants avec des énergies renouvelables. Cette profession peut jouer un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité. La démarche RSE peut être entreprise quelle que soit la taille du cabinet ainsi que le démontre, par exemple, ZA consulting en déployant sa vision «Faciliter l’accès à un habitat digne, fonctionnel et écologique ».

Les professionnels libéraux, chacun dans son domaine d’activité ou en interprofessionnalité, sur un secteur comme celui du lieu de vie (avocats, architectes, notamment architectes d’intérieur, conservateurs restaurateurs, géomètres experts, notaires, économistes de la construction, conseillers en financement de la transition énergétique, et tous les nouveaux métiers qui n’existent pas encore et se développeront pour servir les enjeux sociaux et environnementaux), peuvent travailler ensemble, grâce, par exemple, à des ateliers de formation ou des formations à l’attention du public dans une perspective de sensibilisation et de dialogue avec leur environnement.

Éthique, déontologie et politique RSE : aspects distincts ou complémentaires ?

Ethique et déontologie sont très liées, distinctes et complémentaires de la responsabilité sociale. La responsabilité correspond à l’obligation de répondre de ses actes, les justifier en fonction de normes et valeurs et d’en assumer les conséquences. L’éthique est un ensemble de normes morales guidant la décision individuelle. La déontologie est un ensemble de règles professionnelles, code de conduite pour l’exercice des métiers et qui s’applique à tous les professionnels concernés.

La RSE est la responsabilité de mettre en œuvre le développement durable à son échelle d’entreprise. Elle comporte plusieurs volets, social, environnemental et de gouvernance. Dans la norme Iso 26000, l’entreprise est tenue d’élaborer des « structures de gouvernance qui contribuent à promouvoir un comportement éthique au sein de l’organisation » et dans les interactions avec les parties prenantes. Chaque entreprise, dans le cadre de sa démarche RSE et quelle que soit sa taille, peut ainsi se doter d’une politique éthique et, concomitamment, d’une démarche déontologique afin de se donner les moyens de l’application de règles, imposées dans les professions réglementées ou choisies dans les professions qui ne le sont pas. La RSE fait converger l’ensemble de nos entreprises, guidées par leur raison d’être.

Pour approfondir :
Dossier : Pour la création de valeur partagée, Journal spécial des sociétés, 2017 

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