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Métavers et web3.0 : des opportunités pour les professionnels du droit ?

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Métavers et web3.0 : des opportunités pour les professionnels du droit ?
Métavers et web3.0 : des opportunités pour les professionnels du droit ?

Une certitude, peut-être la seule : le concept de métavers est un buzz word. Même la SEC* rapporte qu'au cours des six premiers mois de 2022, le mot "métavers" est apparu plus de 1 100 fois dans des documents réglementaires, contre 260 fois l’année précédente (Time, 18 juillet 2022). De plus en plus, les dirigeants d'entreprise ressentent le besoin de mentionner le métavers comme élément de développement de leur activité. Mais peu détaillent ce qu'ils vont construire exactement. Le point avec Gaëlle Marraud des Grottes, Secrétaire générale de la Fédération Française des Professionnels de la Blockchain.

Métavers, web3.0 : de quoi parle-t-on ?

Alors que les experts eux-mêmes ne s’accordent pas sur l’existence actuelle des métavers et que d’autres estiment, à l’inverse, qu’ils existent depuis des années, que faut-il penser de ce nouvel environnement technologique et que peut-on anticiper comme impact pour les professionnels du droit et du chiffre ?

Précisons tout d’abord le concept et commençons par le distinguer du Web3, avec lequel il est trop souvent confondu. Le Web3 est en fait une nouvelle étape de développement de l’Internet, l'Internet décentralisé, qui prend la suite du Web2 (réseaux sociaux/transactions) et, bien sûr, du Web1 (mise à disposition d’informations). Cette infrastructure s’appuie sur des technologies distribuées telles que la blockchain avec les organisations autonomes décentralisées (DAO), par opposition au Web2.0 contrôlé par un pool d’acteurs économiques ultra dominants (lesdits « GAFAM », « BATX », etc.). Son objectif est donc de favoriser la réappropriation des données par les utilisateurs.

Le « métavers » désigne pour sa part un monde virtuel immersif, dans lequel les utilisateurs peuvent interagir entre eux. Il en existe plusieurs dizaines à ce jour (https://dune.com/metaland/Metaverse-Land-Community), dont les plus connus sont Decentraland, Sandbox, Otherside, NFT Worlds ou encore Cryptovoxels. Les applications développées à ce stade s’appuient sur l’importance de la notion de communauté (divertissement, marketing et nouvelle dimension de l’expérience client, etc.), mais il faut savoir que tous les métavers ne fonctionneront pas sur des technologies de registres distribués comme la blockchain. De nombreuses marques ont déjà annoncé leur présence dans l’un des métavers, surtout dans l’univers du luxe.

Des opportunités business à saisir ?

Une récente étude de McKinsey (McKinsey, Value creation in the metaverse, June 2022) révèle que côté consommateurs, les cinq principaux intérêts à évoluer dans un métavers sont le divertissement, les interactions sociales, le jeu, le voyage et l’achat en ligne. Côté entreprises, ce sont les enjeux marketing, la formation des employés, l’organisation de réunion, l’événementiel et, enfin, la conception de produits et la réalisation de jumeaux numériques qui motivent les investissements dans cette innovation.

L’enquête de McKinsey souligne ainsi que « What we do know is that, beyond the hype, the metaverse is real, potentially revolutionary, and has the makings of a significant opportunity. Yet how it will eventually develop remains to be seen ».

Quid pour les avocats, les notaires, les experts-comptables, ... ?

Si l’on projette ces perspectives spécifiquement pour les professionnels du chiffre et du droit, que faut-il anticiper ?

D’une part, une extension du périmètre du conseil, bien évidemment. Comment rédiger les CGU d’un service exploité dans un métavers ? Comment traiter dans une succession un land acquis dans un métavers ? Quelle application des règles déontologiques dans ces nouveaux univers ? La liste des interrogations est, à ce stade de développement de ces nouveaux environnements technologiques, à la fois limitée (difficile d’envisager aujourd’hui toute leur potentialité) et illimitée (tant le nombre de problématiques envisageables est important).

D’autre part, il faut anticiper des opportunités de création de nouvelles offres pour les clients. Intéressantes en termes de business développement, ces innovations doivent amener chacun à se demander quels nouveaux services pourraient être créés (gestion de ces portefeuilles immatériels, offre de formation, mise en situation sous forme de jumeaux numériques, etc.) ? Mais également, avec quels nouveaux métiers (pour approfondir cette perspective, v. Les Échos Start, 13 juin 2022, 16 métiers à exercer dans le métavers (en 4 graphes) il pourrait être opportun de créer des partenariats stratégiques.

Très « early stage », ces réflexions sont néanmoins incontournables. La question n’est pas de savoir si on est pour ou contre ces innovations, mais comment faire en sorte de se les approprier et avec quelle éthique…

*Securities and Exchange Commission, organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers
 

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