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Facturation électronique : « Prenez le temps avec votre expert-comptable ! »

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Facturation électronique : « Prenez le temps avec votre expert-comptable ! »
Facturation électronique : « Prenez le temps avec votre expert-comptable ! »

Calendrier finalement confirmé pour la facturation électronique... L’obligation d’émission entrera en vigueur le 1er septembre 2026 pour les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) avant d’être généralisée, un an plus tard, à toutes les entreprises. Cette réforme majeure pour tout le tissu économique, implique aussi une adaptation en profondeur des outils et des pratiques comptables.

OnLib’Infos a interrogé Florent Burtin, expert-comptable & commissaire aux comptes, président de l’Institut Français des Experts-comptables et des Commissaires aux comptes (IFEC), sur les enjeux de cette réforme, les étapes à anticiper et le rôle clé de l’expert-comptable dans cet accompagnement, notamment pour les professionnels libéraux.

Après une nouvelle tentative de report via l’adoption d’un amendement, où en est-on aujourd’hui de la mise en œuvre de la réforme ? 

En mars dernier en effet, certains députés ont exprimé leurs inquiétudes face à une préparation jugée encore insuffisante de certaines entreprises et souhaitaient un nouveau décalage du calendrier. Mais le cap est maintenu : le calendrier de mise en œuvre est bel et bien confirmé. Une bonne nouvelle pour cet outil structurant visant à améliorer la qualité et la transparence des échanges entre entités soumises à la TVA.

Quelles sont les principales inquiétudes exprimées par les entreprises face à cette réforme ?

Les entreprises prennent doucement conscience des changements qu’elles vont devoir effectuer : mise en conformité de leurs logiciels et de leur organisation, pour utiliser les bons outils de la bonne manière, mise en place d’une coordination avec leur service administratif et avec leur service d’expertise comptable, etc.

L’enjeu est important puisqu’il s’agit de pouvoir utiliser le plus efficacement possible les outils proposés, notamment en matière de recouvrement et de suivi des paiements, afin de transformer cette contrainte réglementaire en véritable levier d’action. À tout cela s’ajoute une inquiétude bien légitime concernant le coût de ces changements. Les plus petites structures pourront bénéficier d’accès freemium sur certaines plateformes de dématérialisation partenaires (PDP).

Quel est votre conseil, sur le plan du calendrier notamment ?

Les entreprises ont encore du temps pour s’organiser sereinement, sans précipitation ! L’obligation d’émission des factures électroniques ne s’appliquera aux grandes entreprises qu’à partir du 1er septembre 2026. Les TPE/PME bénéficient quant à elles d’une année supplémentaire pour se préparer. En revanche, toutes les entreprises devront être prêtes en septembre 2026 pour la réception de facture (vos achats) via une PDP. Les périodes de transition sont rarement simples, mais cette réforme va permettre aux entreprises d’améliorer la qualité du flux d’information, de renforcer l’efficacité du recouvrement, de lutter plus efficacement contre la fraude à la TVA. Les recettes récupérées seront réinjectées dans les circuits. À terme, tout le monde y gagnera...

La facturation électronique, c’est quoi exactement ?

Contrairement aux idées reçues, la facturation électronique ne se résume pas à l’envoi de factures PDF par mail... Il s’agit de factures structurées dans des formats normalisés (UBL, CII, Factur-X), lisibles automatiquement par les logiciels comptables.

Ces échanges ne se feront plus directement entre émetteurs et destinataires : ils devront obligatoirement transiter par une plateforme dédiée, PDP.

Initialement, l’État avait prévu de proposer une solution gratuite : le Portail Public de Facturation (PPF). Mais ce projet a finalement été abandonné : faute de moyens techniques suffisants pour tenir les délais, l’État a recentré son rôle sur le contrôle et la supervision du dispositif, sans en assurer l’infrastructure directe. Le choix des plateformes se portent donc désormais sur des solutions privées, les PDP avec déjà plus de 80 solutions en cours d’enregistrement ou déjà proposées. Ces plateformes devront être capables d’échanger entre elles, de dialoguer avec les logiciels comptables et les outils de gestion (devis, recouvrement, litiges, etc.), et de transmettre à l’administration les informations requises pour les entreprises concernées, dans le cadre du e-reporting (information sur le paiement des factures en B to C, ou de factures de services en B to B), pour lutter contre la fraude à la TVA.

L’enjeu désormais : faire en sorte que le maximum d’outils soient interopérables, pour garantir une transition fluide, quelle que soit la taille ou l’activité de l’entreprise.

Quel est le rôle de l’expert-comptable dans la mise en œuvre de ces changements ?

Dans cette phase de préparation, le rôle de l’expert-comptable est d’abord pédagogique. Beaucoup d’entreprises n’ont pas encore pris la mesure des changements à venir et il existe aujourd’hui un déficit d’information qui alimente des craintes autour de cette réforme. Accompagner les entreprises dans les étapes importantes de leur vie a toujours fait partie de l’ADN de l’expert-comptable. Il est donc naturel qu’il soit aujourd’hui en première ligne pour expliquer concrètement les démarches à anticiper : savoir si l’entreprise est concernée, à partir de quelle date, et comment organiser sa mise en conformité. Certains professionnels peuvent se croire, à tort, exclus du dispositif. Je pense au monde associatif, aux autoentrepreneurs ou, par exemple, à un médecin qui fait des remplacements, mais aussi à des prestations en parties facturées à l’étranger, etc. Tout le monde doit s’intéresser au problème et notre rôle est d’éclairer ces cas particuliers et de simplifier l’information pour la rendre accessible à tous.

Comment accompagnez-vous concrètement les entreprises dans cette transition ?

Il est essentiel, pour apaiser les craintes, de démystifier la réforme en rendant intelligible un sujet souvent perçu comme technique et abstrait. Il s’agit, pour commencer, d’expliciter les principaux changements, scinder les étapes, clarifier les enjeux du e-reporting, etc. Les plus petites structures – artisans, TPE, PME – s’interrogent notamment sur la manière de connecter leurs logiciels, de choisir les bons outils, ou encore de réorganiser leurs flux internes.

Concrètement, la profession a déjà mis en place de nombreux outils : formations dédiées, modèles d’organisation, modules de formation pour les collaborateurs des cabinets, supports pédagogiques… L’objectif est clair : diffuser une information fiable et opérationnelle. Sur le terrain, nous travaillons aussi en partenariat avec les syndicats professionnels, les chambres de commerce et les réseaux d’accompagnement, pour relayer la bonne information au plus près des entreprises.

Quel serait votre principal conseil aux chefs d’entreprise qui n’ont pas encore commencé à se préparer ?

Pas de précipitation et prenez conseil auprès de votre expert-comptable ! Il ne s’agit pas de se hâter mais de commencer une préparation réfléchie. Il est essentiel de prendre le temps de comprendre les enjeux, de s’informer et d’identifier les bonnes solutions.

Toutes les PDP ne sont pas encore opérationnelles et l’offre de service reste encore en construction. C’est justement le bon moment pour se poser les bonnes questions, se faire accompagner et faire les bons choix. L’expert-comptable est ce relai technique et stratégique pour aider les entreprises et leurs dirigeants à franchir ce cap en toute sérénité.

Rappel du calendrier de mise en œuvre de la facturation électronique

Obligation de réception
-> Dès le 1er septembre 2026 pour l'ensemble des entreprises 

Obligation d’émission
-> Le 1er septembre 2026 pour les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ;
-> Le 1er septembre 2027 pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les micro-entreprises.

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