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Experts-comptables : se différencier dans un monde en pleine mutation

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Experts-comptables : se différencier dans un monde en pleine mutation
Experts-comptables : se différencier dans un monde en pleine mutation

Aujourd’hui, encore moins qu’hier, l’expert-comptable n’est pas un simple acteur déclaratif ou un scribe 2.0 de l’administration... Au-delà de sa maitrise technique, le marché a besoin de son expertise en tant que conseil transversal pour accompagner la croissance des entreprises et sécuriser leur développement. 
Philippe Bonnin, directeur général de GVA/SEMAPHORES nous offre une réflexion prospective sur la trajectoire d’évolution d’une profession concurrentielle et les défis à relever en matière de compétences et d’organisation.

Qu’attend, aujourd’hui plus qu’hier, un chef d’entreprise, de la part d’un expert-comptable ?

Avant tout, rappelons que l’expert-comptable est souvent le principal interlocuteur du chef d’entreprise avec un positionnement central sur des réflexions stratégiques, organisationnelles, ou encore de transformations RH. Nous sommes donc naturellement en concurrence avec de nombreux acteurs de la finance ou du conseil. Avec l’accélération de l’intelligence artificielle, l’enjeu n’est plus la maîtrise de la connaissance, mais la capacité à la mettre au service du chef d’entreprise. Le défi aujourd’hui est celui de l’interprétation de la masse d’un contenu facilement accessible et qui va permettre à l’expert-comptable de se positionner comme un conseil transversal de l’entreprise et pas uniquement comme un acteur vertical de sa compétence financière.

Craignez-vous l’impact de plateformes types Chat GPT sur l’évolution du métier ?

Tout va tellement vite en matière d’intelligence artificielle que ce que je pourrais vous dire aujourd’hui ne sera certainement plus vrai d’ici quelques mois... ! À l’évidence, des plateformes comme Chat GPT vont permettre aux professionnels de gagner du temps dans leurs recherches, réalisation de benchmarks et nombre d’autres tâches. En contrepartie, cela nous oblige à être plus pertinent dans nos propositions et recommandations pour être différenciant. Comment ? Sans doute avec un sens de l’humain toujours plus aigu pour permettre d’apporter un conseil ciblé, le plus approprié au plus proche du contexte social et économique de nos clients. A ce stade, il me semble que nous devons appréhender ces plateformes comme des outils, et aussi sophistiqués soient-ils, il ne seront pas en mesure de pouvoir donner la coloration, la matérialité et la lisibilité des décisions prises et des actions engagées.

La profession s’est-elle suffisamment préparée à ces changements ?

La digitalisation, au sens large est depuis longtemps une démarche inéluctable dans la profession d’expertise comptable, par nature très en lien avec les administrations sociales, administratives, fiscales ou statistiques. Mais ce qui était au départ un phénomène d’optimisation de la productivité des cabinets est devenu un enjeu de modèle économique. Si la profession a rapidement intégré l’aspect technique, avec la mise en place d’outils digitaux efficaces en matière d’automatisation de certaines taches comptables, elle commence tout juste à se pencher sur la nécessaire adaptation des compétences des équipes en place afin de répondre à l’enjeu de se positionner davantage sur la relation avec le client et l’accompagnement opérationnel des projets de l’entreprise tant sur le plan financier que sur les implications sur l’organisation et les RH.

L’expertise comptable est-elle un métier suffisamment attractif aujourd’hui pour les jeunes ?

Je dirais que le métier a les moyens d’être attractif car il reste au cœur de beaucoup de sujets de l’entreprise et il est le réfèrent d’une fonction essentielle, la finance. Quelle entreprise peut se passer d’une analyse financière et envisager une stratégie sans sa capacité à pouvoir mesurer son retour sur investissement ? Alors oui, peut-être que cette matière, essentiellement transversale, souffre d’un manque d’attractivité en raison du regard trop technique qu’on lui porte, axé principalement sur la manipulation de chiffres, d’algorithmes... mais tellement indispensable pour les décideurs. Dans la droite ligne de la question précédente, je dirais qu’il y a, là aussi, un effort d’adaptation à faire en matière de ressources humaines. La technique de la finance est la base nécessaire, mais la vision globale de l’entreprise, la contextualisation de ses besoins et le relationnel avec le client sont des éléments tout aussi fondamentaux.

Qu’est-ce que cela implique concrètement ? Davantage de formation ?

Oui, mais de la formation prospective... Je ne parle pas ici de formation classique de remise à niveau des compétences, chose que nous faisons tous. Je pense au fait de préparer les métiers de demain, ce qui suppose de revoir le plan de développement des compétences de nos collaborateurs et d’être un peu plus créatif en termes d’objectifs de formation. Pour le chef d’entreprise, la question doit être de savoir comment préparer ses collaborateurs à relever le défi de la croissance dans un monde ou les business modèles évoluent très vite et où la rareté des ressources est prégnante. Il faut savoir à la fois capitaliser sur les ressources internes et aider l’entreprise à identifier celles qui lui manqueront dans les 5 ans à venir. Ouvrir notre profession à des profils différents, accueillir des compétences plus larges et accentuer la formation continue me semblent aujourd’hui des enjeux fondamentaux pour la profession. Cela nécessite un pas de côté...

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