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Experts-comptables, avocats... et plus, si affinités

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Nous poursuivons notre dossier sur « L’interprofessionnalité dans tous ses états » avec un 2è épisode consacré à la mixité d’exercice entre les professions du chiffre du droit. Une complémentarité naturelle dans le contexte des affaires et de la gestion d’entreprises.

Onlib’Infos est allé à la rencontre de deux cabinets, très différents par leur taille et leur organisation. Leur point commun ? Avoir adopté un fonctionnement global pluridisciplinaire, convaincus des bénéfices de cette approche tant pour leurs clients que pour leurs équipes en interne.

Merci à Isabelle Didier, administratrice judiciaire et avocate, directrice générale d’O3 Partners et à Mathieu Stenger, expert-comptable et commissaire aux comptes, associé du cabinet COGEP et membre d’Emerize.

L’interprofessionnalité, comme une évidence

Interprofessionnel depuis plus de 50 ans, au départ avec des experts-comptables et des avocats, COGEP a fait de la pluridisciplinarité sa raison d’être, en intégrant de nouveaux métiers au fur et à mesure des besoins de ses clients. Banquiers d’affaires, gestionnaires de patrimoine, courtiers en assurance, ingénieurs agricoles, ingénieurs informatiques et consultants spécialisés en RSE, comptent aujourd’hui parmi les 2 000 collaborateurs du groupe. « COGEP a fait le choix de l’intégration des compétences, suivant le modèle de la SPFPL (ndlr : société de participations financières de professions libérales). Plutôt que de faire appel à des sous-traitants, il nous a tout de suite semblé essentiel que les différentes professions impliquées partagent les ressources, le pouvoir et les revenus, dans le respect des compétences et des expertises de chacun », explique Mathieu Stenger.

Dans le cas d’Isabelle Didier, l’interprofessionnalité est avant tout une histoire de rencontres : « j’ai eu la chance que ma réflexion croise la route de démarches parallèles équivalentes chez des professionnels expérimentés désireux de faire ce même rapprochement ». Initialement mandataire judiciaire, puis administrateur judiciaire et avocate, Isabelle Didier murissait depuis longtemps l’idée d’associer des compétences comptables et financières aux expertises juridiques et de contentieux de son cabinet largement doté en matière de procédures collectives et amiables. Le pas est franchi en 2020 : « La période de confinement a été un déclencheur. La juridiction belge m’a désignée pour gérer la restructuration en France d’un groupe étranger. J’ai travaillé sur ce dossier complexe avec des experts-comptables indépendants et notre collaboration a été très fructueuse. J’ai eu l’impression d’avoir greffé un autre cerveau à côté du mien ! ».

Trouver l’organisation optimale

Bureaux, salles de réunions, informatique, ... L’optimisation de l’organisation et des outils à disposition des professionnels est un élément essentiel pour une interprofessionnalité réussie, notamment dans le cas d’un groupe de la taille de COGEP. « Il faut intégrer des habitudes professionnelles et des cultures différentes, en favorisant l’interaction tout en respectant l’indépendance de chaque profession » explique Mathieu Stenger. « Nous avons évolué avec pragmatisme en mettant progressivement en place des outils informatiques efficaces ainsi que des commissions techniques sur les méthodologies processionnelles. Nous avons parfois fait appel à des cabinets spécialisés pour nous accompagner sur l’adoption de bonnes pratiques. L’organisation optimale est celle qui respecte l’indépendance de chacun tout en permettant une vision partagée des enjeux et des objectifs à atteindre. »

Chez O3 Partners, chaque associé a gardé son activité. « Nous avons opté pour un modèle de coopération très souple, sans locaux communs, sans contraintes d’organisation, et sans exclusivité décrétée entre nous. » explique Isabelle Didier. « En pratique cela fonctionne parfaitement bien et dans notre domaine commun, qui est la prévention et le traitement des difficultés d’entreprises, nous sommes assurés de pouvoir compter les uns sur les autres avec beaucoup de réactivité, sans avoir besoin d’expliciter notre demande de collaboration ou de sonder la disponibilité des uns et des autres. On se parle tous les jours, on se sollicite en permanence et on prend le temps de réfléchir ensemble à des offres communes pour nos futurs clients. »

L’efficacité de la vision globale

Si les professionnels du chiffre et du droit ont toujours été amenés à travailler ensemble, une relation institutionnalisée présente des avantages tant du point de vue du client que de l’organisation interne. « Notre interprofessionnalité permet d’être particulièrement réactif sur la problématique qui nous est soumise. La fluidité des process offre une grande agilité dans le traitement des demandes. De son côté, le client sait que ses différentes demandes seront prises en compte, qu’elles soient fiscales, juridiques, financières ou patrimoniales » affirme Mathieu Stenger.
Isabelle Didier se félicite quant à elle de la complémentarité originale au sein d’O3 Partners qui associe avocats, administrateurs judiciaires et experts-comptables, dont deux sont des experts judiciaires : « Lorsqu’un client vient nous voir, il ne sait pas toujours précisément les services dont il va avoir besoin mais il connait notre dimension interprofessionnelle. Nous constatons combien il est rassurant pour lui de savoir que sa problématique sera étudiée à la fois d’un point de vue comptable, fiscal, organisationnel et procédural ». Nos raisonnements se répondent et se complètent, la confrontation des visions comptables et juridiques est très stimulante intellectuellement en plus d’être performante pour le client », précise Isabelle Didier.

Une nécessité sur les problématiques complexes

Face à des problématiques et des règlementations de plus en plus complexes, l’interprofessionnalité se présente comme un atout de taille, et même une nécessité. C’est d’ailleurs une évolution juridique qui a conforté Isabelle Didier dans son projet de structuration de ses relations interprofessionnelles. « La directive européenne de 2021 en matière d’insolvabilité a complètement transformé le droit des procédures collectives avec une dimension comptable et financière devenue essentielle. On est sur quelque chose d’autrement plus complexe, ce qui a nettement contribué à ma décision de structurer une relation établie avec des experts-comptables. »

Même constat pour Mathieu Stenger, notamment sur des opérations de rapprochement d’entreprises sur lesquelles les experts-comptables, les avocats, les banquiers d’affaires ou encore les gestionnaires de patrimoine sont amenés à travailler de concert. « Ces opérations impliquent de la rédaction juridique sur les contrats de cession, des business plans et des évaluations d’entreprises, des négociations auprès des financeurs. Notre organisation nous permet d’aller chercher en interne les différentes compétences avec une circulation optimale de l’information au service d’un traitement plus rapide et plus efficace. »

Toujours plus loin si besoin... ?

COGEP continue de tracer sa route de l’interprofessionnalité. « Nous avons de plus en plus de dossiers qui impliquent du conseil et de l’accompagnement multi-professionnel. On a beaucoup investi dans l’informatique afin d’automatiser au maximum tous les traitements des données et nous permettre d’être plus présents sur la partie conseil. On envisage l’intégration prochaine de notaires et des commissaires de justice ainsi que des professions de “transactions services”. Il y a encore tout un champ ouvert au rapprochement de compétences et à la consolidation du secteur. »

Isabelle Didier est, elle aussi, convaincue de l’intérêt de mixer au quotidien les métiers comptables et ceux du droit. « Beaucoup de clients reviennent nous voir pour nous demander de les accompagner sur leurs nouveaux projets et c’est ce que je considère comme le grand succès de cette interprofessionnalité. » Mais intégrer de nouvelles professions n’est pas si simple. En pratique il faut apprendre à se connaitre, à se faire confiance. L’avenir nous dira si d’autres expertises s’avèrent nécessaire au développement du cabinet. »

À lire ou relire, l'Episode 1 de "Professions du droit et du chiffre : l’interprofessionnalité dans tous ses états" (édition OnLib’octobre)

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