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« Allons vers un leadership au-delà des genres ! »

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« Allons vers un leadership au-delà des genres ! »
« Allons vers un leadership au-delà des genres ! »

Longtemps conjuguée presque exclusivement au masculin, la question du leadership chez les professions libérales s’ouvre de plus en plus aux femmes. Laurence Paris, coach certifiée HEC et fondatrice de REAL IMPACT®, revient sur les évolutions à l’œuvre, les stéréotypes encore bien ancrés et nous livre sa vision en faveur d’un leadership universel et non genré.

Leadership ? Management ? On parle de la même chose ?

Nous avons souvent tendance à confondre les deux notions car en pratique, dans les petites structures, il est fréquent qu’une seule et même personne endosse les deux casquettes. Souvent, leader et le manager, ne font qu’un... Mais en réalité ce sont deux approches très différentes et dans les structures libérales de taille plus importante, la distinction est d’ailleurs clairement définie. Le leader est la figure identifiée, celui qui porte la vision, parfois le principal associé ou l’actionnaire majoritaire. Le manager, lui, entre en scène pour garantir la bonne exécution de la vision : c’est le rôle des directeurs généraux, des responsables opérationnels, que l’on rencontre dans certaines structures.

Et en termes de missions ?

L’approche n’est pas la même. Le management, c’est l’art de faire faire. Le manager est centré sur les objectifs, les processus, son équipe. Il se demande quoi faire et comment le faire. Il met en musique la politique de l’entreprise, du cabinet, de l’étude, etc. Le leader quant à lui se demande pourquoi il fait ce qu’il fait et pour quoi faire. Il donne du sens.
Pour Peter Drucker, « pape du management moderne » du 20ème siècle, né en 1909 en Autriche, enseignant en sciences politiques et philosophie, consultant…et mort le 11 novembre 2005, « la seule et unique définition d'un leader est quelqu'un qui a des followers ».

J’aime définir le leadership comme la capacité à susciter la participation volontaire des personnes ou d’un groupe à poursuivre un objectif. Il s’agit d’influencer, d’agir, de faire de sa vulnérabilité une force. C’est créer de l’énergie et du mouvement.

Y a-t-il des caractéristiques du leadership au féminin ?

Il semble pertinent de nuancer cette idée. Les recherches en neurosciences montrent des différences anatomiques entre les cerveaux masculins et féminins, mais aucune différence comportementale significative n’a été établie.
« Oui il y a des différences entre un cerveau masculin et un cerveau féminin, mais autant qu’entre le cerveau de l’individu et celui d’un autre, qui ne cessent de se façonner selon leur environnement et leurs expériences cognitives respectives » Catherine Vidal, neurobiologiste.

Les qualités souvent associées au « leadership féminin », telles que l’empathie ou l’écoute, ne sont pas exclusives aux femmes. Un homme peut faire preuve d’empathie, tout comme une femme peut exercer une autorité affirmée. Ces perceptions relèvent davantage de constructions sociales que de déterminismes biologiques. Le leadership devrait donc être envisagé comme l’expression du potentiel individuel, indépendamment du genre.

L’identité du leader est une construction dynamique qui dépend de l’environnement dans lequel il évolue, son type de personnalité, son éducation…et non de son sexe.

Quels sont les stéréotypes et les freins organisationnels auxquels les femmes leaders peuvent être confrontées ?

Comme le disait Albert Einstein, « Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé ». Ces préjugés, souvent intériorisés, se mêlent à une certaine autocensure. Nous évoluons encore dans une culture façonnée par et pour les hommes, où les comportements traditionnellement masculins — affirmation, autorité, prise de risque — sont davantage valorisés.

Dans beaucoup de professions, les postes de direction ont historiquement été occupés par des hommes, et la représentation du leader reste imprégnée de ces codes. Les stéréotypes restent puissants : la « bonne élève » sérieuse mais effacée, ou la « mère dévouée », perçue comme moins investie professionnellement.

Ces images limitantes nourrissent des freins organisationnels bien réels : le plafond de verre, l’exclusion des réseaux d’influence, le manque de dispositifs de mentorat ou d’accompagnement individuel… On le constate concrètement, lors de négociations de rachat de parts ou de prises de participation : beaucoup de femmes hésitent, doutent de leur légitimité ou n’osent pas se positionner.

Comment les professions libérales s’engagent-elles aujourd’hui pour accompagner l’émergence de leaders féminins ?

Il existe de nombreuses initiatives pour promouvoir la place des femmes et encourager leur accès aux postes de responsabilité.

Des associations telles que « NotairesAuFéminin », « Femmes Experts-comptables », « Femmes et Droit » ; des syndicats tel que « Femmes Chirurgiens-dentistes », des collectifs tel que « Femmes de Santé » sont très actifs sur le sujet : journée thématiques, networking, colloques, actions de sensibilisation auprès des étudiants…

Certaines professions, qui se sont fortement féminisées ces dernières années, comme par exemple les commissaires de justice, ont mis en place une commission parité-égalité et des actions telle qu’une formation sur le leadership, que j’ai eu l’honneur de dispenser tout au long de l’année 2025 en région et à Paris.  
Sans oublier l’initiative interprofessionnelle que cette profession a porté aux côtés de l’UNCJ (syndicat professionnel représentatif) avec les autres OPM (officiers publics et ministériels) aboutissant à une charte interprofessionnelle en faveur de l’égalité professionnelle Femmes-Hommes, signée à la Chancellerie en présence du ministre de la Justice le 27 mai 2025 (Charte signée par les ordres et organisations professionnels des notaires, des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation, les Greffiers des tribunaux de commerce et les Commissaires de justice).

Cette dernière inscrit la parité au cœur du fonctionnement institutionnel et des pratiques professionnelles des commissaires de justice, notaires, greffiers de commerce et avocats à la Cour de Cassation et au Conseil.
L'UNAPL est un acteur majeur et historique dans la promotion de l'égalité femmes-hommes par la mise en place d'une commission Parité-égalité qui œuvre pour l'empowerment des femmes depuis 2017 (Création d’un congé maternité uniformisé en 2017 et un régime d’indemnités journalières pour les femmes professionnelles libérales en 2021). Avec la mise à disposition d’un guide « Parité-égalité dans les professions libérales » largement diffusé. 
Les choses changent indéniablement et certaines professions, comme les notaires, peuvent se targuer d’évolutions significatives. Ainsi, la part des femmes notaires représente plus de 57 % (contre 35 % en 2014) et plus de 55 % d'entre elles sont titulaires ou associées (source notaires.fr).

Quels conseils donneriez-vous à une jeune professionnelle libérale qui souhaite affirmer son leadership et faire sa place dans un environnement encore perçu comme “masculin” ?

Je lui dirais d’abord que le leadership n’a pas de genre : il est universel. Ce n’est ni une affaire d’hommes ni de femmes. Chacun doit construire son propre style de leadership et, surtout, oser l’incarner. Favoriser l’émergence de femmes leaders passe aussi par une réflexion personnelle, une remise en question des représentations et une évolution collective des mentalités.

Se constituer un réseau, aller à la rencontre d’autres acteurs de sa profession, se saisir de toutes les opportunités d’apprentissage et de progression me semblent essentiel Il faut savoir assumer ses réussites, les partager sans crainte du jugement : c’est une manière d’inspirer et de se faire reconnaître.

Enfin, je l’encouragerais à mobiliser toutes les ressources disponibles : coaching, mentorat, formation, etc. Ces dispositifs nourrissent la confiance et renforcent le positionnement professionnel.

Le mot de la fin ?

Osez faire briller qui vous êtes !

Comme le disait Oscar Wilde « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris ».

Je crois fortement qu’un jour nous pourrons simplement parler de leadership, sans avoir besoin d’y accoler un genre.

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Laurence Paris anime le programme de formation lancé par Interfimo Académie

sur le thème

« Femmes dirigeantes, professionnelles libérales : développez votre leadership »

en présentiel et en distanciel

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